dimanche 11 janvier 2015

Je vis une foule immense

Mais quelle est donc cette semaine qui s'achève ? Trois jours d'angoisse, de barbarie, de tueries, de deuil et une journée de réconciliation et de fraternité. Semaine sanglante, dimanche de paix et d'unité.





J'étais cet après midi de ces trois... quatre... cinq millions (on ne sait pas très bien et pour une fois on ne chipote pas là-dessus) qui ont défilé en France ce week-end. Défilé calme, paisible, bon enfant. Des gens de partout, de tous bords, de tous âges. Depuis le haut de la place Viète la topographie de la ville permettait de voir s'étirer le ruban des marcheurs dans la rue principale. Pas de slogan, pas de cris, juste des affichettes "Je suis Charlie", "Je suis...", des crayons et des applaudissements à trois ou quatre reprises. Une marche sobre, digne.

De retour chez moi j'ai suivi ce qui se passait à Paris en zappant entre la télé et les réseaux sociaux. Photos, vidéos, interviews, tweets reflétaient l'ambiance parisienne. Les mots se bousculaient :
- la plus grande manifestation jamais recensée en France,
- journée historique, rare, c'est peu souvent qu'on a un tel sentiment d'union nationale,
- la police, les CRS on les aime (ça aussi on ne l'entend pas souvent),
- la France debout...
- contre le terrorisme, pour la France, pour la liberté,
- fier d'être Français,
- poignant, impressionnant, républicain etc.

Une volonté commune de faire face à la violence et de ne pas se laisser voler sa liberté, dans un élan de fraternité, dans la dignité et avec une grande émotion. Comment cette journée qui a rassemblé tant de gens divers sera-t-elle levain pour les jours suivants ? Il y aura un avant et un après 11 janvier 2015 dit-on, qu'allons-nous entreprendre individuellement et ensemble pour que demain soit plus fraternel, plus respectueux de l'autre, plus chemin de liberté ? "Puisse ce jour porter un fruit durable d'unité, de paix, de respect. A chacun de le décider" (Abbé Grosjean).


Je vis une foule immense, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues

Il essuiera toute larme de leurs yeux et la mort ne sera plus,
et il n'y aura plus ni pleur, ni cri, ni douleur.









samedi 3 janvier 2015

Meilleurs vœux

D'une vie antérieure de prof j'ai le souvenir que je n'aimais pas du tout cette rentrée de janvier. Ces quelques jours de vacances autour de Noël sont, plus que d'autres, une période de fête de famille. Je savais pertinemment  que tous les jeunes n'avaient pas forcément passé de bonnes vacances, plusieurs fois certains avaient vécu des drames (accident, décès, suicide...). Alors, le face à face avec 25 ou 30 jeunes au seuil de l'année nouvelle où la tradition veut qu'on s'adresse des vœux de bonheur, me mettait toujours mal à l'aise. Allais-je souhaiter, même avec la plus grande sincérité, "Bonne année, bonne santé et la bac à la fin de l'année" sans savoir dans quelle terre labourée ça allait tomber ?

Alors pour ces jeunes en fin d'adolescence, au seuil de la vie, déjà ou prochainement affrontés à des choix importants, j'ai souvent repris les vœux de Jacques Brel. Je trouvais (et trouve toujours) qu'ils sont une magnifique méditation sur la vie et le bonheur, tout un programme de vie.

En soi, ils n'ont rien de religieux, et pourtant croyant, non-croyant, personne en recherche... chacun peut s'y retrouver.
Lecteur, de tout cœur je t'adresse aussi ces vœux :



... Le seul fait de rêver est déjà très important.
Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir
et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns.
Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer
et d’oublier ce qu’il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil
et des rires d’enfants.
Je vous souhaite de respecter les différences des autres,
parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir.
Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence
et aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche,
à l’aventure, à la vie, à l’amour,
car la vie est une magnifique aventure
et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille.
Je vous souhaite surtout d’être vous,
fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable.


Jacques Brel - 1er janvier 1968 - Europe 1