mardi 24 décembre 2013

Un prêtre, c'est rare et c'est fragile

Je l'avais un peu perdu de blog David. L'hiver dernier il a décroché un moment du net et du blog, et moi aussi j'ai pris un peu de distance avec lui. Et puis il y a quelques jours j'ai été réveillée par mes stats. Pourquoi un billet écrit il y a 2 ans, à l'occasion du décès de Pascal était-il soudain si consulté ? Et je suis ainsi remontée au billet de David : A tes côtés

Je partage la peine et la douleur de la famille et des amis d'Emmanuel, des prêtres de ce diocèse. Je partage leur questionnement et leur respect, je comprends leur tentation de culpabilisation

Emmanuel, 50 ans, ordonné prêtre en 2005, curé de Sainte-Mère-Eglise, en charge des 24 clochers de 2 paroisses, responsable de la Maison de la Paix* s'est donné la mort.

Le suicide d'un prêtre est un événement rare a dit le vicaire épiscopal du diocèse de Coutances, un geste qui sidère encore plus quand il s'agit d'un prêtre, dit David. Pourquoi "encore plus" ? Parce qu'on a une haute idée du prêtre, un homme fort et solide, plein de foi en Dieu et donc qui ne se donne pas la mort. En soi ce n'est pas mal, mais n'en faisons pas un surhomme capable de tout voir, tout entendre, tout endurer. Il n'est qu'un homme comme les autres, avec un corps et un coeur, un corps fatigable (même s'il est jeune et en bonne santé) un cœur sensible. Leur mission les investit d'une lourde charge de travail, et les affronte aux situations douloureuses de la maladie, la souffrance, la mort, certainement plus que d'autres. Un prêtre, c'est fragile !

Un prêtre c'est rare, aussi, les statistiques ne cessent de nous le rappeler.

Rare et fragile, prenons-en soin. Emmanuel comme Pascal paraissaient heureux dans leur sacerdoce selon les témoignages des proches. Pourtant, comme souvent, on n'a rien vu venir, selon l'expression utilisée. L'un et l'autre se donnaient à fond à leur mission, leur apostolat qui les faisaient vivre, mais qui aussi les ont tués. On peut réfléchir au poids de la charge qui leur est confiée, certes on ne peut pas continuer de la même façon qu'il y 25 ans avec grosso modo moitié moins de prêtres... On peut aussi se demander quelle part nous pouvons prendre, nous chrétiens, dans une paroisse pour soutenir la mission et l'action des prêtres ? Quelle aide non seulement matérielle mais aussi spirituelle, morale, fraternelle ? Dans une période quelque peu difficile pour l'Eglise, comment la construire ensemble, humainement et fraternellement ?

Alors, en ce soir de Noël, ma pensée et ma prière vont bien sûr vers tous ceux qui sont éprouvés par le décès d'Emmanuel,  mais aussi vers tant de prêtres qui vont célébrer Noël dans la joie de la Nativité. Que, passée la messe festive et joyeuse ce soir et demain, aucun ne se retrouve seul dans son presbytère. Que le Prince de la Paix que nous accueillons ce soir embrase nos cœurs et nous fasse œuvrer ensemble pour la paix et la fraternité.

Joyeuse fête de la Nativité !





*La Maison de la Paix, cette communauté inter Congrégations, voulue par Mgr Lalanne (alors évêque de Coutances)  pour être "un lieu d’accueil et de propositions, un espace spirituel au service de l’éducation à la Paix et à la Réconciliation. Cela signifie qu’il ne s’agit pas seulement de regarder en arrière, mais de contribuer activement à bâtir la paix dans notre monde". 

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