jeudi 21 février 2013

"Après avoir examiné ma conscience devant Dieu..."

...c'est ainsi que Benoît XVI a introduit son message de démission le 11 février dernier.

Cette décision a été immédiatement et longuement commentée, le plus souvent bien accueillie une fois la surprise dépassée. L'hebdomadaire Pèlerin en fait un dossier spécial et propose de retrouver plusieurs de ces réactions.

Bien sûr d'autres voix se sont élevées  pour exprimer un désaccord, normal aussi... on ne démissionne pas de cette charge, motif soutenu par moult arguments. Mais ce n'est quand même pas la majorité des réactions.

Parmi ces réactions négatives je retiens un article dans La Croix de ce 19 février, opinion de deux professeurs de philo, Pierre Dulau et Martin Steffens.  L'abandon du Pape est une catastrophe, ce titre quelque peu provocateur invitait à entrer dans l'article.

Pour les auteurs la papauté est une fonction qui engage celui qui l'assume jusqu'à la mort, l'abandonner est une catastrophe. [...]  Un Pape qui démissionne, c'est un pont qui décide de ne pas atteindre l'autre rive dont il est la promesse. [...] Un PDG ou un président peuvent démissionner. Un pape, lui, est démissionné par la mort. [...] Quant à l'humilité, ne consiste-t-elle pas plutôt à consentir à une charge qui blesse notre nature immédiate ? Le poids qu'il doit porter est, bien sûr, trop lourd pour lui. Mais s'il ne l'était pas, il ne serait pas le pape.

Je trouve ces propos et le ton de l'article dans son ensemble particulièrement durs et accusateurs. Que cette décision surprenne, pose des questions inédites, soit, et cela ne peut qu'être constructif, mais au nom de quoi peut-on se permettre de juger une telle décision, et prise "après avoir examiné [sa] conscience devant Dieu", selon ses propres termes ? Qu'on relise la déclaration même de Benoît XVI, les mots pesés, le propos clair et humble, la décision fruit du discernement, la conscience de la gravité de cet acte...

Il y a aussi Mgr Noyer qui ne donne pas le même écho que l'ensemble de ses pairs, son propos est plus sévère, mais il analyse le contexte et le monde actuel, et il reconnaît à Benoît XVI toute la grandeur de sa décision et le souffle nouveau qu'elle peut faire lever. "Personne ne songe aujourd’hui à lui reprocher d’avoir fait ce qu’il a cru bon de faire", dit Mgr Noyer dans sa conclusion... Et bien si Monseigneur il est des philosophes qui se permettent de lui reprocher cette décision et de la juger !

Je n'ai pas la prétention de me mesurer à deux professeurs agrégés de philosophie, mais d'autres voix, ébranlées également par cette décision, nous ont proposé des réflexions plus constructives.

Quelques unes de ces réflexions... au hasard, parmi tant d'autres :
- Mgr Noyer : Benoît XVI : constat d'échec ?
- Christine Pedotti : Benoît XVI libère le pape
- Rémi de Maindreville : Le renoncement de Benoît XVI
- et aussi l'incontournable revue de presse de Stéphane Lemessin avec quantité de liens


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