mercredi 26 octobre 2011

De qui suis-je frère ?

Quelle idée de convoquer autour d'une même table un ancien trader-moine-des-cités, un président départemental des Restos du cœur, un maire socialiste, une conseillère générale nouveau centre et une toute jeune novice  Servante de la Présence de Dieu engagée à Points- Cœur ? Quel point commun ? Ou quelle discussion pimentée en perspective ?...
Pour la discussion pimentée, les noms d'oiseaux et les empoignades verbales, vous repasserez ! Pour un partage tout simple de ce que chacun fait et met en œuvre pour être fraternel, bingo, vous avez trouvé ! C'était en effet la question posée aux intervenants : de qui suis-je frère ? Et comment ça se vit quand on est en responsabilité politique ou sociale, engagée dans une ONG ?


Décor : fin de la semaine missionnaire mondiale au cours de laquelle de nombreuses propositions étaient faites à Fontenay sur le thème de la semaine "Tu aimeras ton prochain comme toi-même". Table ronde animée par le curé de la paroisse. Salle comble : près de 250 personnes dont plusieurs élus des communes voisines et des bénévoles de diverses associations caritatives. Et c'est parti pour 2 h d'échange.


Première partie, chacun est invité à dire ce qu'est la fraternité pour lui, comment il la vit dans sa responsabilité et ce qu'il met en œuvre pour la faire grandir.

Depuis qu'il a apporté son aide à Xavier Beauvois pour le film Des hommes et des dieux, on ne présente plus Henri Quinson.  Frère, pour lui, c'est une mission sans cesse à redécouvrir, c'est la foi chrétienne en action. Etre vraiment voisin de quelqu'un, proche, accepter que cela demande du temps. Accepter de se laisser "déplacer"... accepter l'échec aussi.  Etre capables de vivre ensemble dans le quartier, dans la famille, à l'échelle planétaire aussi, se colleter les uns avec les autres...

L'intervention des politiques a été pour beaucoup une découverte. Marie-Jo Chatevaire pose un préalable : quand on s'engage dans la vie publique c'est qu'on veut s'ouvrir aux autres. Et de décliner les façons de vivre la fratenité au Conseil général. La première compétence du département est de porter attention aux plus démunis et plus particulièrement pour elle qui a en charge la solidarité et la famille. C'est aussi une ouverture sur le monde par ses actions humanitaires, en particulier le Bénin et Madagascar, pour la Vendée. De même qu'elle avait donné le ton au début de son intervention, Marie-Jo Chatevaire conclut : "Quand je dois prendre une décision dans ma fonction d'élue, je me demande si elle est bien en phase avec l'évangile".

Même perspective avec Hugues Fourage, au niveau de la municipalité. Un élu travaille pour l'intérêt général, essaie de rassembler plutôt que de diviser. Il ne supporte pas l'expression "cas cociaux" et se bat contre elle : "Je ne connais pas de cas sociaux. Je ne vois que des hommes et des femmes en détresse. Mais des cas sociaux, je ne sais pas ce que c'est." Engagement vers l'autre... et en contre partie, accepter la critique, même injuste, donc être capable de prendre du recul et de la hauteur.

Petite allusion discrète à leur maître respectif, ici ou là, des fois qu'on ait oublié : Bruno Retailleau et Jacques Auxiette.

Et puis Louis Muck pour les Restos du cœur et Sr Aurélie pour Points-Cœur. Pour eux, il nous semble que la fraternité ça va de soi... tout au moins dans l'objectif. Les premiers mettent l'accent sur la convivialité, la proximité, la jovialité même. Aider les démunis à sortir du pessimisme et du défaitisme, et parfois, leur dignité retrouvée, avoir le bonheur de les voir revenir parmi les bénévoles. A Points-Cœur, on ne part pas en mission pour mettre en place un projet mais pour vivre une présence au milieu des plus défavorisés. 

Après ces 4 interventions la salle était invitée à participer par quelques questions posées ou témoignages aussi dans le sens de la fraternité. Ainsi Jean-Claude qui "fait la maraude" plusieurs nuits par semaine, à Fontenay même... oui à Fontenay, découverte pour bon nombre dans la salle.

Et si justement, au-delà de leurs diversités idéologiques, religieuses, politiques, leur point commun était la fraternité, à la fois inscrite dans notre devise républicaine et dans l'évangile. "[...] Ne pas se regarder l'un l'autre, mais regarder ensemble dans la même direction." (St Exupéry).

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